Mon accouchement accompagné à domicile si le titre ne vous dit rien 🙂

Ce sujet revient récemment vers moi depuis différentes directions. Peut être parce que nous en parlons de plus en plus et que notre société se (r)ouvre à cette idée de donner naissance dans l’intimité de son foyer. Ou peut être est-il juste temps pour moi de faire un point et de vous partager quelques petit bouts de mon expérience.
Oui, j’ai accouché mon enfant à la maison. Sans peur, dans une confiance absolue que mon corps en est capable. Dans une évidence que notre chemin passait par là, malgré de petits messages d’alerte lors des mois de préparation à l’accouchement. Les petits grains de sables dans l’engrenage, ignorés dans ce désir immensurable d’accoucher chez moi et par la peur de ne pas pouvoir le réaliser…
Ce nuit là, de 22h au soir où les premières contractions se sont fait sentir jusqu’à 10h du matin où ma sage femme a déposé ce nouvel être sur ma poitrine, fut un voyage hors temps, dans un monde innommé, quelque part entre la terre et le ciel.

Au début de mon aventure maternelle les mémoires de cette nuit ont été vraiment très floues. Avec le temps, presque tous les éléments se sont rassemblés en une belle histoire. Une histoire unique à nous 4 : moi, mon enfant, son Papa et notre sage-femme.
Ma sage femme a dit que le déroulement a été plutôt « classique » pour le 1er bébé donc je vais vous épargner la plupart des détails. Pour moi ce déroulement classique est marqué par une intensité hors échelle, inimaginable auparavant ! Et puis la fatigue immense. J’avais tellement faim, toute la nuit, mais il m’était impossible d’avaler quoi que ce soit. Bêtement, je ne buvais que de l’eau, au lieu de me booster un peu avec une boisson plus riche, ce qui m’aurait sans doute économisé une loooongue poussée. Une poussée qui aurait été certainement accompagnée par le forceps ou autre à l’hôpital. Ou pas… parce que j’aurais peut être pas dilaté du tout sur une table d’accouchement… 🙂
Oui, je sais qu’il ne faut pas pousser… Mais, la poussée spontanée de mon corps épuisé par une nuit de travail extrême n’a pas été suffisante pour expulser mon bébé de mon utérus, surtout que ma position n’était pas du tout optimale. Du coup il fallait plutôt « expulser l’utérus », en poussant à fond à la fin de chaque poussée spontanée.
A un moment ma sage-femme s’active et me donne une cuillère de miel car je refuse une perfusion de glucose. Et puis d’un coup je me jette sur un pain aux raisins que mon compagnon vient de chercher à la boulangerie du quartier. Puis une tasse de thé noir et hop, la tête de ma fille est dehors :O Mais ce n’est pas fini; une dystocie de l’épaule1 se présente. Ça sort quand même assez rapidement mais mon périnée, intact jusqu’ici, en prend un bon coup. La déchirure reste néanmoins « superficielle ». Il faut y croire… 😉
Et puis enfin, ces petits grains de sables que j’ai bien repérés avant l’accouchement se font sentir au moment de l’expulsion du placenta. Nous avons le droit à une hémorragie de la délivrance et une « petite » visite à l’hôpital en bonus. Mais d’abord… les pompiers à l’appart. Je ne les compte même pas, éblouie par la lumière du jour qui entre brusquement dans notre salon quand ils ouvrent les volets sans trop de délicatesse. Mais ils sont plutôt sympas, vraiment. J’aime bien les pompiers. Dans la voiture on discute des prix immobiliers à Aix. Parfois… dans la vie… faut pas chercher à comprendre ! 😉 Mon compagnon nous suit, malheureusement dans un véhicule à part. 😦 Le 2e confinement était dans l’air.

Il nous reste l’arrivée et le séjour à l’hôpital. On est loin de la bienveillance. Les jugements se font vite sentir et puis je ressens une sorte de « vengeance ». « Maintenant, tu vas voir… » Bref, je doit me battre dès mon arrivée pour ne pas me faire forcer une sonde urinaire, tout près de mon sexe ravagé. Mais il faut surtout vite faire pipi, parce que la vessie pèse sur mon utérus, ce qui présente apparemment un danger. Et oui, j’ai un petit peu de mal à uriner, après ce transfert, brusquée et entourée par des inconnus, « qui ne font que de m’agresser » (je me le dis dans la tête). Finalement je n’ai pas de sonde, on nous installe dans la chambre et l’aventure des nouveaux parents peut enfin commencer. Il y a encore des hauts et des bas avec le personnel de l’hôpital. J’avais vraiment l’intention de bien m’entendre avec tout le monde. Souvent ce n’est malheureusement pas possible. Je constate régulièrement que nous, le personnel et moi, sommes vraiment dans des mondes différents. Il nous est malheureusement difficile de trouver des ponts. Je décide de sortir plus tôt que ce qu’on me demande. Je me rends compte que j’ai du vraiment leur faire ch*r. 😉 Juste avant mon départ je rencontre une puéricultrice qui devient par la suite ma consultante en lactation. Maëva est un rayon de soleil qui me redonne vraiment de l’espoir !
Un bilan de cet événement qui m’a balancé sur le chemin de maternité pour ensuite transformer ma vie ?
Oui, il y avait des choses… Ma sage-femme en surcharge de travail au moment de mon terme. Mon compagnon qui a du complétement se déconnecter de sa raison pour avoir accepté ce choix ! Et surtout moi, je n’étais pas en paix à ce moment là dans ma vie. J’en vois un net reflet dans mon accouchement. Un reflet que j’ai eu du mal à apercevoir ou plutôt à avouer. J’ai mis du temps à descendre dans mon cœur, voir ce que l’arrivée de ma fille a dévoilé sur moi et y faire face.
C’est par la faille que jaillit la lumière
LEonard Cohen
Dans la vie, il y a de tout. Parfois on savoure, parfois on avance. Peu importe la nature de l’expérience, ce qui compte pour moi c’est comment j’en sors, et si je peux y dénouer quelques mystères de mon être, c’est un OUI à tout.
Alors pourquoi cette décision d’un AAD ? Je vous en dirai plus une autre fois et je vous laisse deviner quel serait mon choix pour un 2e ! 😉
1. « La dystocie de l’épaule est, par définition, un problème mécanique survenant lors d’un accouchement vaginal caractérisé par l’incapacité à délivrer les épaules du fœtus en utilisant uniquement une traction descendante douce. [Wikipedia]